Saturday, August 28, 2010

A deux pas

Salut à tous,

parfois, à force de toujours vouloir aller plus loin pour découvrir d'autres choses, on en oublie de regarder ce qui se trouve près de nous.
Des fois, il suffit de lever le nez vers le ciel dans la rue pour voir des surprises, même dans Montréal.








Si il y a bien un truc que je n'ai pas encore compris au Québec, c'est cet engouement pour le style "forteresses médiévales".

Surprenant pour un pays qui n'a jamais connu cette période, ou plutôt, qui n'a jamais connu la période médiévale européenne.

"So long, and thanks for all the fish."

Olivier.

Wednesday, August 25, 2010

La dernière Californie

Salut à tous,

toujours pas de photos, mais une nouvelle écrite ces derniers temps. J'ai aucune idée de ce qu'elle vaut, si elle vous plaira ou pas, mais je ne le saurai qu'après, non ?
Donc, voici une courte nouvelle intitulée : "La dernière Californie"

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Quelques enfants, les plus curieux, avaient bravé les interdits des adultes et s'étaient faufilés dans les combles de la première maison du village.Maryse était parmi eux. Avec toute la curiosité de ses huit ans, elle n'avait pas pu résister à la tentation de LE voir arriver.Le vieux qui habitait en bas de la vallée avait téléphoné au maire : IL était là, IL venait de bifurquer sur la route qui montait vers le village, donc, IL passerait par ici.
- Il parait qu'il mesure plus de deux mètres et que le bruit s'entend à des kilomètres.
Maryse se tourna légèrement. C'était Corentin qui venait de parler. Corentin était le fils du maire, et il était plus vieux, il savait des choses.
- Il est entouré de fumée, et si tu t'approches trop, tu ne peux plus respirer, et tu meurs. Puis il crache des flammes par l'arrière !
Les autres enfants ouvraient de grands yeux en écoutant Corentin, mais Maryse tourna de nouveau la tête vers l'ouverture de l'oeil-de-boeuf. Elle ne voulait pas risquer de manquer une miette du spectacle. Puis Corentin avait tendance à exagérer les choses.
D'où elle était, elle voyait les adultes rassemblés à l'entrée du village. Une barricade avait été érigée, avec les bancs de l'école et ceux de l'église. Chaque personne, homme ou femme, était munie d'une arme de fortune : barres de métal, batons, fourches, fusils de chasse. Le maire se distinguait avec un pistolet à impulsions électriques. Tous étaient tendus, nerveux, beaucoup parlaient sans arrêt dans leur téléphone portable, en discussion avec d'autres villages de la vallée. C'était un évènement sans précédent, et chacun le ressentait comme une provocation insupportable à laquelle il fallait réagir fermement.

Maryse fut la première à percevoir le bruit. Elle fit signe aux autres enfants, en montrant ses oreilles et en mettant un doigt devant sa bouche. Tous les marmots se turent, certains restant la bouche grande ouverte, les yeux écarquillés.
Si Corentin avait dit vrai pour le bruit, IL se trouvait encore à des kilomètres de là. Le son était pour l'instant faible, répercuté par les parois de roche de la vallée, une sorte de grondement caverneux et régulier.
Les adultes devaient aussi l'avoir perçu, car la tension monta d'un cran, et chacun resserra son étreinte sur son arme en prenant un air décidé.
La petite fille riva son regard sur le dernier virage de la route. IL arriverait par là, donc, elle ne pouvait pas LE rater. Le bruit s'amplifiait, mais était encore loin d'être assourdissant, quand elle LE vit. LE dernier motard venait de passer le virage et s'avançait vers la barricade. Il ralentissait, ayant probablement vu l'obstacle.
Maryse fut déçue : pas de nuage de fumée, pas de vacarme infernal, pas de flammes, et il ne paraissait pas si grand que ça. On ne voyait pas son visage, caché par une sorte de bocal sombre avec une vitre, et il était vêtu tout de noir, avec une étrange veste orange sans manches par dessus.
Le dernier motard s'arrêta à une cinquantaine de mètres de la barricade, et inclina sa moto vers la gauche, dépliant une barre de métal brillant pour la faire tenir. Il descendit doucement, sans gestes brusques, et enleva ses gants noirs. Maryse vit deux mains blanches, tout à fait ordinaires.
Le maire s'avança un peu, tenta de prendre une pose imposante, puis héla l'étranger.
- On ne veut pas de vous ici ! Repartez !
Le dernier motard, lentement, porta ses mains à son casque, farfouilla quelques secondes, puis entreprit de retirer son haume.Tout le monde retint son souffle. Maryse ne savait pas à quoi s'attendre. On lui avait tellement parlé du dernier motard, de ce monstre irresponsable qui tuait la planète pour assouvir son plaisir de rouler sur son monstre d'acier, qu'elle avait imaginé un
être combinant les choses les plus horribles qu'elle connaissait : une petite moustache à la Hitler, des dents pointues de carnivore, des mains griffues, une queue de diable...
Elle s'attendait à tout... A tout, sauf à ça : le dernier motard était un vieil homme, au visage mince marqué par la fatigue, avec des cheveux gris coupés en brosse. D'où elle était, elle ne pouvait pas voir la cicatrice marquant sa joue gauche, ni son regard aux yeux bleus qui affichait une jeunesse que démentait son physique.
Il toussa une fois, puis, avec une voix rauque, s'adressa au maire.
- Je ne fais que passer, je ne m'arrête pas.
- Pas question ! La traversée du village est interdite aux motos. Vous ne pouvez pas passer !
Le dernier motard eut un sourire désabusé.
- Depuis quand les motos ne peuvent elles plus passer ?
- Ce matin ! On a voté la loi au conseil municipal ce matin. Alors, cassez vous, on ne veut pas de vous ici.
Une pierre vola de derrière la barricade, et tomba loin, très loin du dernier motard. La femme qui avait lancé le caillou se baissait déjà pour en ramasser un autre, d'autres mères de famille l'imitèrent, et une pluie de rochers vola vers le vieil homme et sa moto, mais il était hors de portée. Les femmes étaient les plus enragées, criant qu'il fallait se débarrasser de ce fléau, de ce
danger pour la nature et les enfants.
Le dernier motard n'insista pas. Il était coutumier de ce genre de scène. Depuis 3 mois qu'il avait entrepris ce tour de France en moto, il avait appris à éviter les grands axes et les villes, mais même dans les villages ou en campagne, il lui arrivait d'être victime d'agressions de ce genre. Quand il écoutait la radio, il entendait parler "d'actes citoyens" pour protéger la population de l'influence néfaste de ce dernier motard. Il avait déjà été blessé deux fois en 3 mois. La première fois, il s'était rendu à l'hôpital. Grave erreur, il avait failli se faire mettre en pièces par des mères de famille dans la salle d'attente.

Il se dirigea vers sa moto, en tentant de rester calme et digne, mais il craignait que les villageois s'enhardissent et se rapprochent pour que les pierres puissent le toucher. Il remit son casque le plus lentement qu'il le pouvait, ne voulant pas montrer sa peur, démarra le moteur de sa vieille moto italienne, puis fit un lent demi-tour.
Avec cette route bloquée, il allait devoir faire un détour d'environ soixante kilomètres. Avec l'essence restant dans le réservoir, ce serait limite pour atteindre la prochaine station service. Heureusement que le petit bidon de cinq litres sanglé sur la selle du passager était plein.

Avec ce détour, il allait devoir obligatoirement prendre une des grandes routes de la région, et cela l'inquiétait. Depuis le début de son périple, il avait été la cible d'agressions diverses, certains ayant même tenté de le renverser dans un fossé avec leur voiture. Sur les grands axes, c'était encore pire, car les automobilistes s'entraidaient pour le géner. Dans ces moments là, le dernier motard se disait que son idée de tour de France en moto était stupide, mais que pouvait il faire
d'autre ? Il laissa ses pensées vagabonder au rythme saccadé du moteur de sa vieille moto.

Sa femme... Six mois déjà que la maladie l'avait emportée... La vie du vieil homme avait basculé, son phare, sa bouée dans l'existence s'était éteinte sous les coups d'un cancer, et tout avait perdu son sens. Ses enfants étaient loin, dans d'autres pays, avec leur famille, et il s'était retrouvé seul, seul dans cette maison qui lui rappelait tant de souvenirs de son bonheur passé avec cette femme formidable...
L'alcool lui avait apporté un peu de réconfort au début, mais les semaines passant, même une bouteille descendue dans la journée ne suffisait plus à empêcher la douleur. Un jour, ivre, il était sorti dans le jardin, et dans un accès de colère, s'était battu contre le vent, contre la terre, contre
tout en général et rien en particulier, puis s'était effondré.

Au matin, les rayons du soleil lui carressèrent le visage, et il s'éveilla, sans aucune idée d'où il était. La lumière pénétrait dans un endroit obscur au travers d'une porte entrouverte et à demi détruite. Il grogna, se redressa, puis comprit où il se trouvait : le vieil abris en bois au fond du jardin, inutilisé depuis des années. Il tourna lentement la tête, et suivit le rayon
de soleil, et alors il la vit ! Elle était là, toujours aussi belle malgré la poussière et les toiles d'araignées. Le rayon de lumière arrivait directement sur l'aigle métallique stylisé décorant le réservoir de la vieille moto italienne.
Il s'était mis à quatre pattes, le regard rivé sur l'aigle, comme hypnotisé, puis s'était relevé doucement, perclu de douleurs, les yeux scotchés sur la silhouette rouge et grise abandonnée au fond de cet appentis depuis des années, et là, il avait su ce qu'il allait faire du reste de sa vie.
Il défit sa chemise, et avec des gestes lents, pleins de douceur, commença à enlever la poussière
sur la moto, remettant à jour les beautés de cette mécanique hors du temps, comme un archéologue époussetant le sarcophage d'une momie égyptienne agée de plusieurs millénaires...
Malgré l'abandon, malgré les années passées, malgré ses pneus à plat, elle était toujours aussi belle. Il avait renoncé à utiliser sa moto quand les médias avaient lancé leur grande offensive contre l'écologiquement incorrect. Hors des véhicules hybrides ou électriques, point de salut ! Les motards avaient été les plus touchés, la moto ayant perdu en France son statut de véhicule
utilitaire depuis déjà plusieurs décennies. Cela faisait maintenant quelques années qu'on n'avait pas vu un seul motard sur les routes de France.
Le vieil homme s'avança vers sa moto, la caressa doucement, comme on flatte un animal, puis sortit de l'appentis pour rentrer dans la maison.

Dans les jours qui suivirent, il avait consacré tout son temps à remettre la moto en état. Heureusement pour lui, les pneus n'avaient pas trop souffert d'être dégonflés tout ce temps, et la vieille mécanique avait tenu le coup. Le vieile homme avait démonté, nettoyé et remonté tout ce qui était accessible à ses compétences, avait refait les niveaux, réglé les commandes, et un
jour, la moto avait été prête. Il était alors sorti avec sa voiture hybride, pour se rendre à la station service la plus proche, et avait discrètement rempli un gros jerrycan d'essence.Après avoir fait le plein du réservoir de la moto, il enclencha le démarreur électrique, le coeur serré par l'angoisse. Allait elle démarrer ?
A sa grande surprise, la moto s'ébroua du premier coup et le moteur se mit à tourner comme une horloge. Il coupa rapidement le contact, car les voisins n'allaient pas tarder à se poser des questions. Et effectivement, l'un deux vint lui demander ce qu'était ce bruit. Il bredouilla une histoire maladroite de vieille pompe pour les inondantions qui s'était mise en marche par erreur et qu'il allait démonter. Le voisin repartit en haussant les épaules, pensant que le vieux n'avait probablement plus toute sa tête.

Sa dernière nuit dans sa maison avait été calme. Il avait dormi comme un bienheureux, et s'était réveillé avant l'aube, dans une forme qu'il n'avait plus connue depuis des années. Il enfila ses vêtements de moto, passa par dessus le gilet orange obligatoire, et mit son casque. Sa moto n'était plus assurée depuis des années, et aucun assureur ne voudrait le faire, mais la plaque
d'immatriculation restait valide. Il ouvrit la porte en bois du jardin, puis se dirigea vers l'abris. La moto démarra encore du premier coup, il enclencha la première vitesse dans un "klong" sonore, et sortit prudemment sur la route.
Tout autour, dans l'aube naissante, il voyait les lumière s'allumer dans les maisons, et des gens se précipiter aux fenêtres, pour voir ce qui provoquait le bruit. Et sous les yeux écarquillés de ses voisins, sans se retourner, le dernier motard était parti, sans regrets, pour son périple
autour de la France.

La petite route de montagne se terminait, et il allait devoir bifurquer sur la grande route. Prenant à gauche, il se dirigea vers la ville la plus proche. Les stations services étaient de plus en plus rares, mais comme les véhicules hybrides avaient encore besoin d'essence, il n'avait pas eu trop de problèmes d'approvisionnement jusqu'à présent, à part quelques pompistes refusant de le servir. Il essayait toujours d'arriver à l'improviste, pour qu'ils ne soient pas prévenus à l'avance, car, les premiers temps, des foules aggressives s'étaient rassemblées pour l'empêcher de se ravitailler. Il évitait l'affrontement. Il était seul, vieux, et de toutes manières, quand une foule est lancée, discuter ne sert à rien.

Le soleil brillait au dessus de lui, sur la route quasiment déserte, et il sifflotait doucement sous son casque, bercé par la mélodie des gros pistons de sa vieille mécanique. Il ne vit pas la voiture familiale arriver dans ses rétroviseurs, et sursauta violement quand elle le dépassa doucement. A l'intérieur, un homme au volant, une femme en passager, et deux enfants à l'arrière.
La femme le regardait avec des yeux horrifiés, et les deux enfants à l'arrière hurlaient, apeurés. L'homme se concentrait sur sa conduite, mais lui jetait des regards méchants quand il tournait la tête. La voiture se maintenait à sa hauteur. Le vieux motard ralentit légèrement pour la laisser passer, mais le conducteur en fit autant. Tout en gardant la moto en ligne droite, il jetait
des coups d'oeil vers la voiture. Il était vieux, un peu sourd, et avait appris à lire sur les lèvres, et la femme criait si fort en ouvrant la bouche qu'il lui était facile de comprendre quelques mots : "dernier motard... assassin... pollueur..."
Il ralentit encore un peu, mais l'automobiliste fit de même. Puis la femme, les yeux exorbités, articula deux mots qu'il comprit dans un éclair : "TUE LE".
Horrifié, il vit les deux enfants hurler de joie à l'arrière en répétant les syllabes. La famille dans la voiture sombrait dans la folie. Il tourna la poignée d'accélérateur pour tenter de s'échapper, mais la grosse voiture hybride obliqua vers lui, et, dans un choc latéral, la vieille moto fut propulsée hors de la route.
Elle décolla en sortant de la route, s'envolant vers le soleil, dans un instant qui sembla durer une éternité. Puis la gravité reprit ses droits, et dans un grand bruit de ferraille maltraitée, la vieille moto s'écrasa au sol, en contrebas de la route, au milieu des herbes, tandis que la voiture familiale poursuivait sa route sans même ralentir.

Couché sur le dos, le dernier motard ne bougeait plus. Il entendit les derniers soubresauts de la veille mécanique, puis, dans un sifflement de liquide bouillant, la vieille California se tut à jamais. Le dernier motard grogna, déplaça son bras droit, et après quelques contorsions, enleva son casque. Il n'avait pas vraiment mal. Ses jambes étaient inertes, son bras gauche plié à un angle bizarre, mais il n'avait pas mal. Couché sur le dos, il regardait le soleil et les nuages, en sifflotant doucement, bercé par un sentiment de liberté qu'il avait oublié depuis tant d'années. Le soleil était au zénith, et pourtant, tout s'obscurcissait devant ses yeux. Sans douleur, il partit.

Sa dernière pensée fut pour sa femme : il la revoyait, tendrement collée contre lui sur le siège arrière de la California, ses longs cheveux dépassant du casque flottant au vent comme un drapeau évoquant le bonheur.

FIN.

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"So long, and thanks for all the fish."

Olivier.

Wednesday, August 11, 2010

Non, ce blog n'est pas mort

Salut à tous,

oui, le blog est toujours actif, c'est juste que je suis pas mal occupé ces derniers temps.
J'ai beau être un informaticien, il m'arrive parfois d'avoir une vie en dehors du travail ;)
Bon, ok, j'avoue, en fait, c'est surtout le travail qui me prend du temps en ce moment, et de l'énergie, car même si c'est principalement le cerveau qui travaille, la fatigue est réelle.

Puis un de mes passe-temps est un vrai bouffe-temps : l'écriture. J'essaie de m'y remettre plus sérieusement, mais écrire juste quelques pages d'une nouvelle peut prendre plusieurs heures...

Alors, pour ceux qui suivent ce blog, pas de panique : je vais revenir avec des photos, mais laissez moi un peu de temps ;)

"So long, and thanks for all the fish."

Olivier.