BALLS OF STEEL

Salut à tous,

(attention, beaucoup de texte)
avant de vous montrer des photos de balades autour de Pune en moto, il faut que je vous parle des conditions de circulation à Pune (et par extension, en Inde), et aussi de la moto qui me sert de mule sur place.

La circulation à Pune est raisonnablement calme comparée à ce que l'on rencontre à Mumbay (Bombay), mais ça reste un véritable enfer pour ceux qui ont l'habitude des circulations bien sages dans les pays occidentaux.Même un parisien serait effrayé par la façon de conduire ici, c'est tout dire (et je connais Paris ;) )

Premièrement, on roule à gauche, comme en Angleterre. Ca, c'est pour la théorie. En pratique, ça vient un peu dans tous les sens, mais majoritairement à gauche quand même.Exceptions notables : les vaches, chiens, ânes, et autres usagers quadrupèdes de la route n'ont pas l'air de se soucier d'une quelconque règle.Mais on peut aussi trouver des camions, des rickshaws, des motos, de voitures, etc. en sens inverse. Souvent, il s'agit d'éviter un détour, alors, on prend à contresens.Ensuite, surtout en moto, le slalom est de mise, pour éviter les nids de poules (poules géantes, probablement...)Les rickshaws aussi sont des habitués du slalom sauvage.

Pour pouvoir rouler, votre véhicule doit se déplacer par ses propres moyens (ou en poussant, éventuellement), mais surtout, son klaxon doit fonctionner. Pas de klaxon, pas de salut, vous êtes un mort en sursis !
Si on vous klaxone, ne vous vexez pas, c'est normal, vous vous rangez un peu sur le côté, et quelqu'un va vous doubler. De quel côté va-t'il vous dépasser ? Ca dépend si vous avez entendu le klaxon à gauche ou à droite ;)

Pour traverser un carrefour, il faut appliquer la règle des "BALLS OF STEEL" (je laisse la traduction aux plus curieux d'entre vous)En clair : celui qui a le plus gros... véhicule ou la plus grosse... confiance en son karma passe en premier.Comme je ne suis pas complètement suicidaire, il m'arrive d'appliquer la règle du "le klaxon aboie, le rickshaw passe".J'attends simplement qu'un rickshaw arrive pour tourner au même endroit que moi, et le conducteur va s'engager comme un taré. Il suffit de se glisser dans son sillage, et le tour est joué.

Conduite de nuit : 50% des véhicules ont des lumières fonctionnelles et sont en mode "plein-phare, le type en face va devenir aveugle et je m'en fous".Les 50 autres pourcents sont en black-out et comptent sur les phares de la première moitié.Par contre, pour les vaches et autres bêtes à poils (les chiens pelés sont comptés dans la catégorie ;) ), il faudrait trouver un moyen de les rendre visibles.

Bon, on s'y fait... Ou du moins, on essaie...

Mais comme un bonheur n'arrive jamais seul, j'ai finalement loué une moto (les conditions de circulation m'ont un peu fait hésiter, mais je préfère 100 fois me planter en moto par ma faute que de remettre ma vie entre les mains des rickshaws drivers...)
Et la moto est une moto indienne, d'origine anglaise.Une Royal Enfield Bullet 350cc, directement échappée de la seconde guerre mondiale, et ayant peu évoluée depuis.Et comme ses origines sont britanniques, il faut qu'elle fasse ch..r son monde ;) (te sens pas visée Kate, pour moi, t'es écossaise, pas britannique ;) )

La boite de vitesse est à droite, et le frein arrière à gauche, le contraire de toutes les autres motos vendues dans le monde...Et en plus, les vitesses sont inversées : 1ère en haut, les 3 autres rapports en bas.Oui, juste 4 vitesses.Trouver le point mort entre le 1 et la 2 est une sorte de mission impossible. Par contre, tomber sur un faux point-mort entre la 2 et la 3 est hyper fréquent ! :)
Autre originalité : il y a un levier supplémentaire sur la boite de vitesses. Il sert à passer au point-mort depuis n'importe quel rapport (sauf le premier) !J'ai eu du mal à me faire à ce truc, mais maintenant, ça va à peu près, sauf pour les freinages d'urgences...
Technique de conduite : à l'ancienne. Enrouler tranquillement, pas d'accélérations ou de freinages trop brusques. Passer les vitesses lentement, en décomposant bien le mouvement (un juron est autorisé quand vous pognez le faux-point mort entre la 2 et la 3), pencher tranquillement dans les virages, ne pas se prendre pour Valentino Rossi, et avoir toujours le pouce à portée du klaxon (deux gros klaxons sur la moto :) )
Petit détail technique : la boite de vitesse est séparée du bloc-moteur (les connaisseurs comprendront), vraiment à l'ancienne...
Autre détail : les pas de vis sont à gauche ! (grrrrr)

Les premiers jours, j'ai roulé sans casque. Pas par choix, mais c'est super dur de trouver un casque ici. J'ai fini par en trouver un au Big Bazaar. 500 roupies (12$50, environ 8 euros) !
Il est moche, et il ne me protège probablement que d'une chose : de me faire arrêter par les flics qui voient que je suis blanc et essaient par conséquent de se récupérer un pourboire facile ;)

Impossible de passer inaperçu de toutes manières : soit je roule sans casque et tout le monde me dévisage parce que je suis blanc, soit je roule avec un casque et des gants, et tout le monde devine que je suis blanc...

Bref, voici les photos.

Ma monture : on la dirait sortie de la Grande Vadrouille.

Levier de vitesse à droite, kick aussi (qui d'ailleurs empêche de poser correctement le pied sur le repose-pied), et le fameux levier supplémentaire pour trouver le point mort. On aperçoit aussi un des deux klaxons.

Mon fabuleux casque... Un casque jet (ouvert pour les moto-incultes) D'habitude, je roule avec un intégral, mais ceux que j'ai trouvé ici étaient trop courts, mon menton dépassait, donc...

"So long, and thanks for all the fish."

Olivier.