La Terre Figée
Salut à tous,
ben, vu que la première nouvelle n'a pas déclenché de réactions de rejet, en voici une deuxième, très courte, intitulée : La Terre Figée
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C'était arrivé. Après des années de spéculations, d'hypothèses, d'arguments plus ou moins scientifiques dans un sens ou dans l'autre, c'était arrivé.
L'humanité avait enfin rencontré les extra-terrestres. Ou plutôt, les extra-terrestres s'étaient invités sur la Terre.
Prenant à contre-pied les auteurs de science-fiction, ils n'avaient ni déclaré la guerre, ni pris sournoisement le contrôle de nos plus grandes institutions, ni même avec eux apporté le secret pour vaincre le cancer ou le sida. Non pas qu'ils manquassent des capacités pour le faire, mais cela ne faisait vraiment pas partie de leurs attributions.
Ah, nous verrons plus loin cette histoire d'attributions et de bureaucratie !
D'abord, il faut que je revienne un peu sur leur arrivée.
La Terre était déchirée par plusieurs guerres, plongeant certains pays dans le malheur, et remplissant les portefeuilles de certains autres. Des hommes, des femmes et des enfants crevaient de faim ou de maladie, et d'autres hommes, femmes et enfants discouraient sur la détresse des premiers, déclamant que c'était inhumain de laisser des gens dans cette détresse, organisant des concerts, des symposiums, brassant beaucoup d'air, mais agissant finalement peu.
D'autres encore faisaient des profits énormes en exploitant la misère des plus pauvres, et en détruisant les ressources vitales de la planète : arbres, eau, air, faune, etc.
Bref, la routine habituelle de notre belle planète bleue.
Puis, simultanément, chaque nef avait envoyé plusieurs petits vaisseaux qui avaient sillonné la surface de notre globe. Des petits vaisseaux (de la taille d'un gros Airbus quand même), blancs, avec des inscriptions bleues incompréhensibles.
Et les vaisseaux s'étaient posés, et tout le monde avait attendu l'ouverture des portes.
même ceux qui crevaient de faim avaient les yeux rivés sur ces nefs formidables.
Tout le monde attendait quelque chose d'extraordinaire. Pour certains, la descente d'un Dieu, pour d'autres, le retour d'Alexandre le Grand (il y a vraiment de tout et de n'importe quoi sur notre planète), quelques uns prédisaient la fin du Monde, et beaucoup espéraient l'arrivée de scientifiques éclairés, porteurs des plus grands espoirs de paix et de prospérité pour la Terre. Au grand jeu des devinettes, tout le monde a perdu, mais ceux qui attendaient les scientifiques étaient les plus proches.
Quand les portes se sont ouvertes, la surprise a été de taille : les extraterrestres étaient humains ! Toutes les théories les plus loufoques sont ressorties des placards : Mû, l'Atlantide, les Oms, les Anges de Dieu, les Aryens, tout cela a été mélangé dans un fatras informe d'hypothèses plus débiles les unes que les autres, mais pourtant pas dénuées d'intérêt.
L'autre surprise est venue ensuite : au lieu de se diriger vers les grandes instances dirigeantes de notre planète, à savoir, l'ONU, les États Unis, l'Europe, la Russie, le Japon, les Émirats Arabes Unis, le Lichtenstein (cherchez l'erreur. Vous avez trouvé ?), les extraterrestres se sont dirigés vers des membres de la population, et à chaque fois, dans la langue appropriée, ils leur ont tenu à peu près ce langage (avec un Accent Vraiment Non Identifiable, que certains malins ont appelé A.V.N.I):
- Salutations. S'il vous plait, faites comme si nous n'étions pas là, et continuez à vivre comme d'habitude. Non, ce ne sont pas des armes, mais des appareils d'enregistrement. Nous ne vous dérangerons pas. Continuez à vivre comme d'habitude.
Passé le premier instant de stupeur, bien entendu, tout le monde les a pressé de questions. Mais les gentils extraterrestres ne répondaient pas. Ils se contentaient de nous filmer (enfin, quoique leurs machines d'enregistrement fassent en réalité...), de nous observer, de prendre des notes, et de discuter entre eux dans une langue totalement incompréhensible.
Après des mois de tentatives pour entrer en contact avec eux, finalement, tout le monde a abandonné et a continué sa petite routine tranquille.
Vu que les extraterrestres n'avaient pas l'air motivés pour modifier notre comportement, quel qu'il soit, on reprit toutes nos activités précédentes, à savoir : la guerre (préventive, punitive, sainte, au choix), les querelles civiles (le grand retour de la machette), l'exploitation de l'homme par l'homme, etc. Pour ceux qui crevaient de faim la bouche ouverte, ils ne s'étaient pas vraiment arrêtés, donc, on ne peut pas dire qu'ils reprirent leur activité.
Seuls les théologiens et les scientifiques avaient légèrement changé leurs points de vue, et encore, pas tous (A mon avis, ceux là sont totalement perdus pour l'humanité)
Au bout de deux années de cette cohabitation somme toute sans trop de problèmes, les extraterrestres repartirent, sans donner d'explication, et en remportant tout leur matériel. Les vaisseaux disparurent de notre ciel, nous laissant plein d'interrogations.
Interrogations qui n'empêchèrent pas l'humanité de continuer sa petite routine : guerres, massacres à la machette, famines, etc. Bref, vous voyez le tableau.
Quand les extraterrestres revinrent, le monde s'arrêta à nouveau de tourner, et les regards se rivèrent sur les nefs, attendant... On ne sait pas trop ce qu'on attendait en fait.
Et là : PAF ! Juste un message, diffusé dans toutes les langues connues de la planète. Et quand je dis toute, c'est vraiment toutes! Même les petits dialectes parlés par soixante personnes au fin fond de l'Amazonie.
Et toutes annoncèrent la même chose : la Terre venait d'entrer au Patrimoine Intergalactique pour la Sauvegarde des Sociétés Étranges.
Ca a provoqué de nombreux sourires, jusqu'à ce que la suite débarque. Là, les sourires se sont un peu crispés. Le fait d'être entré au Patrimoine Intergalactique pour la Sauvegarde des Sociétés Étranges impliquait quelques contraintes : interdiction de faire évoluer l'architecture de la planète, contrôle strict de la reproduction pour ne pas déséquilibrer la répartition humaine, gel de l'évolution technologique, obligations de l'entretien des monuments historiques, partant du fait que toute la planète devenait monument historique, et bien sûr, accueil des touristes intergalactiques qui allaient venir visiter ce joyau de l'espace qu'est la Terre.
Tout cela s'accompagnant bien sûr de mesures de rétorsion (très efficace, certains ont testé) en cas de manquement au règles dictées par le Patrimoine Intergalactique pour la Sauvegarde des Sociétés Étranges.
Depuis, je vis dans un musée géant. Les guerres continuent, et ne doivent surtout pas se terminer (patrimoine historique), les massacres à la machette continuent, et ne doivent pas se terminer (patrimoine historique aussi), et des humains continuent de crever de faim dans leur coin. Leur consolation ? Ils participent à la sauvegarde du patrimoine historique de la Terre, et ils ne meurent plus dans l'indifférence générale... Ils ont des touristes qui les regardent mourir.
Sur ce, je finis d'écrire, et je vais me suicider. J'ai été désigné par le Patrimoine Intergalactique pour la Sauvegarde des Sociétés Étranges pour me jeter d'un pont d'autoroute. Il faut préserver les statistiques de suicide, sinon, on risque des représailles. Allez, et bonne continuation.
ben, vu que la première nouvelle n'a pas déclenché de réactions de rejet, en voici une deuxième, très courte, intitulée : La Terre Figée
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C'était arrivé. Après des années de spéculations, d'hypothèses, d'arguments plus ou moins scientifiques dans un sens ou dans l'autre, c'était arrivé.
L'humanité avait enfin rencontré les extra-terrestres. Ou plutôt, les extra-terrestres s'étaient invités sur la Terre.
Prenant à contre-pied les auteurs de science-fiction, ils n'avaient ni déclaré la guerre, ni pris sournoisement le contrôle de nos plus grandes institutions, ni même avec eux apporté le secret pour vaincre le cancer ou le sida. Non pas qu'ils manquassent des capacités pour le faire, mais cela ne faisait vraiment pas partie de leurs attributions.
Ah, nous verrons plus loin cette histoire d'attributions et de bureaucratie !
D'abord, il faut que je revienne un peu sur leur arrivée.
La Terre était déchirée par plusieurs guerres, plongeant certains pays dans le malheur, et remplissant les portefeuilles de certains autres. Des hommes, des femmes et des enfants crevaient de faim ou de maladie, et d'autres hommes, femmes et enfants discouraient sur la détresse des premiers, déclamant que c'était inhumain de laisser des gens dans cette détresse, organisant des concerts, des symposiums, brassant beaucoup d'air, mais agissant finalement peu.
D'autres encore faisaient des profits énormes en exploitant la misère des plus pauvres, et en détruisant les ressources vitales de la planète : arbres, eau, air, faune, etc.
Bref, la routine habituelle de notre belle planète bleue.
Et dans cette ambiance grotesque, ils étaient arrivés, avec des vaisseaux gigantesques et flamboyants de lumière, et le temps semblait s'être suspendu sur la Terre. Plus d'attentats prétextes ou causes de querelles religieuses ineptes, plus de massacres à la machette pour la possession d'un petit bout de terre sec et aride, plus de guerres préventives ou punitives.
Les discours sérieux, eux, ont continué. Des discours sur comment entrer en contact avec les extraterrestres, d'autres sur la nécessité d'arrêter tous les conflits sur la planète et de s'allier pour contrer une éventuelle invasion, et d'autres encore sur l'amour interstellaire et l'arrivée des dieux qui nous avaient créés.
Non, je rigole, ceux là, on n'arrivait pas à les prendre au sérieux.
Bon, ceux qui crevaient de faim dans leur coin continuaient à le faire dans l'indifférence générale, mais ils n'avaient même plus droit à l'attention des discours.
Tous les yeux étaient fixés sur les superbes et gigantesques nefs brillantes au dessus de nos têtes.
Les discours sérieux, eux, ont continué. Des discours sur comment entrer en contact avec les extraterrestres, d'autres sur la nécessité d'arrêter tous les conflits sur la planète et de s'allier pour contrer une éventuelle invasion, et d'autres encore sur l'amour interstellaire et l'arrivée des dieux qui nous avaient créés.
Non, je rigole, ceux là, on n'arrivait pas à les prendre au sérieux.
Bon, ceux qui crevaient de faim dans leur coin continuaient à le faire dans l'indifférence générale, mais ils n'avaient même plus droit à l'attention des discours.
Tous les yeux étaient fixés sur les superbes et gigantesques nefs brillantes au dessus de nos têtes.
Puis, simultanément, chaque nef avait envoyé plusieurs petits vaisseaux qui avaient sillonné la surface de notre globe. Des petits vaisseaux (de la taille d'un gros Airbus quand même), blancs, avec des inscriptions bleues incompréhensibles.
Et les vaisseaux s'étaient posés, et tout le monde avait attendu l'ouverture des portes.
même ceux qui crevaient de faim avaient les yeux rivés sur ces nefs formidables.
Tout le monde attendait quelque chose d'extraordinaire. Pour certains, la descente d'un Dieu, pour d'autres, le retour d'Alexandre le Grand (il y a vraiment de tout et de n'importe quoi sur notre planète), quelques uns prédisaient la fin du Monde, et beaucoup espéraient l'arrivée de scientifiques éclairés, porteurs des plus grands espoirs de paix et de prospérité pour la Terre. Au grand jeu des devinettes, tout le monde a perdu, mais ceux qui attendaient les scientifiques étaient les plus proches.
Quand les portes se sont ouvertes, la surprise a été de taille : les extraterrestres étaient humains ! Toutes les théories les plus loufoques sont ressorties des placards : Mû, l'Atlantide, les Oms, les Anges de Dieu, les Aryens, tout cela a été mélangé dans un fatras informe d'hypothèses plus débiles les unes que les autres, mais pourtant pas dénuées d'intérêt.
L'autre surprise est venue ensuite : au lieu de se diriger vers les grandes instances dirigeantes de notre planète, à savoir, l'ONU, les États Unis, l'Europe, la Russie, le Japon, les Émirats Arabes Unis, le Lichtenstein (cherchez l'erreur. Vous avez trouvé ?), les extraterrestres se sont dirigés vers des membres de la population, et à chaque fois, dans la langue appropriée, ils leur ont tenu à peu près ce langage (avec un Accent Vraiment Non Identifiable, que certains malins ont appelé A.V.N.I):
- Salutations. S'il vous plait, faites comme si nous n'étions pas là, et continuez à vivre comme d'habitude. Non, ce ne sont pas des armes, mais des appareils d'enregistrement. Nous ne vous dérangerons pas. Continuez à vivre comme d'habitude.
Passé le premier instant de stupeur, bien entendu, tout le monde les a pressé de questions. Mais les gentils extraterrestres ne répondaient pas. Ils se contentaient de nous filmer (enfin, quoique leurs machines d'enregistrement fassent en réalité...), de nous observer, de prendre des notes, et de discuter entre eux dans une langue totalement incompréhensible.
Après des mois de tentatives pour entrer en contact avec eux, finalement, tout le monde a abandonné et a continué sa petite routine tranquille.
Vu que les extraterrestres n'avaient pas l'air motivés pour modifier notre comportement, quel qu'il soit, on reprit toutes nos activités précédentes, à savoir : la guerre (préventive, punitive, sainte, au choix), les querelles civiles (le grand retour de la machette), l'exploitation de l'homme par l'homme, etc. Pour ceux qui crevaient de faim la bouche ouverte, ils ne s'étaient pas vraiment arrêtés, donc, on ne peut pas dire qu'ils reprirent leur activité.
Seuls les théologiens et les scientifiques avaient légèrement changé leurs points de vue, et encore, pas tous (A mon avis, ceux là sont totalement perdus pour l'humanité)
Au bout de deux années de cette cohabitation somme toute sans trop de problèmes, les extraterrestres repartirent, sans donner d'explication, et en remportant tout leur matériel. Les vaisseaux disparurent de notre ciel, nous laissant plein d'interrogations.
Interrogations qui n'empêchèrent pas l'humanité de continuer sa petite routine : guerres, massacres à la machette, famines, etc. Bref, vous voyez le tableau.
Quand les extraterrestres revinrent, le monde s'arrêta à nouveau de tourner, et les regards se rivèrent sur les nefs, attendant... On ne sait pas trop ce qu'on attendait en fait.
Et là : PAF ! Juste un message, diffusé dans toutes les langues connues de la planète. Et quand je dis toute, c'est vraiment toutes! Même les petits dialectes parlés par soixante personnes au fin fond de l'Amazonie.
Et toutes annoncèrent la même chose : la Terre venait d'entrer au Patrimoine Intergalactique pour la Sauvegarde des Sociétés Étranges.
Ca a provoqué de nombreux sourires, jusqu'à ce que la suite débarque. Là, les sourires se sont un peu crispés. Le fait d'être entré au Patrimoine Intergalactique pour la Sauvegarde des Sociétés Étranges impliquait quelques contraintes : interdiction de faire évoluer l'architecture de la planète, contrôle strict de la reproduction pour ne pas déséquilibrer la répartition humaine, gel de l'évolution technologique, obligations de l'entretien des monuments historiques, partant du fait que toute la planète devenait monument historique, et bien sûr, accueil des touristes intergalactiques qui allaient venir visiter ce joyau de l'espace qu'est la Terre.
Tout cela s'accompagnant bien sûr de mesures de rétorsion (très efficace, certains ont testé) en cas de manquement au règles dictées par le Patrimoine Intergalactique pour la Sauvegarde des Sociétés Étranges.
Depuis, je vis dans un musée géant. Les guerres continuent, et ne doivent surtout pas se terminer (patrimoine historique), les massacres à la machette continuent, et ne doivent pas se terminer (patrimoine historique aussi), et des humains continuent de crever de faim dans leur coin. Leur consolation ? Ils participent à la sauvegarde du patrimoine historique de la Terre, et ils ne meurent plus dans l'indifférence générale... Ils ont des touristes qui les regardent mourir.
Sur ce, je finis d'écrire, et je vais me suicider. J'ai été désigné par le Patrimoine Intergalactique pour la Sauvegarde des Sociétés Étranges pour me jeter d'un pont d'autoroute. Il faut préserver les statistiques de suicide, sinon, on risque des représailles. Allez, et bonne continuation.
FIN
"So long, and thanks for all the fish."
Olivier.
Labels: le coin des écrivains en herbe
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