Monday, September 12, 2005

Espoir vidéoludique

J'ai un aveu à faire : je suis développeur de jeux vidéo...

Bon, pour les malins qui rigolent au fond : non, je ne passe pas ma journée à jouer aux jeux vidéo...
D'ailleurs, le jeu sur lequel je sue en ce moment, je n'y ai pas touché depuis 2 mois, passant mon temps à modifier le moteur de jeu et les outils pour que les autres développeurs puissent travailler plus efficacement.

10 ans de jeu vidéo, j'en ai fabriqué quelques uns, et j'ai vu l'évolution du métier, ainsi que celle des produits.

Et je voudrais parler un peu de cette dernière, surtout avec la nouvelle génération de consoles qui arrive à grand pas (la première salve est pour la fin de l'année, et c'est Microsoft qui la tire avec sa XBox 360)

On nous annonce des puissances de calcul phénomènales (je n'ai pas le droit d'en parler, secret professionnel oblige, et pleins de sites sur le net le font déjà très bien)
Néanmoins, en tant que joueur, je m'interroge. Pour la génération précédente, on nous avait aussi étourdis avec des chiffres fabuleux, des promesses alléchantes (physique réaliste, ennemis intelligents, effets climatiques, etc.)
Et tout ce qu'on a réellement vu, ça a été: de plus beaux graphismes, de plus belles animations, mais la plupart des ennemis réagissent toujours aussi mal, et la physique réaliste n'est pas allée plus loin que le statut de gadget pas toujours bien fini.

Vous me direz, Half-Life 2 PC ! Bon, on s'amuse une heure, et après ? Le jeu est répétitif, vide, et avec une fin tellement frustrante qu'on s'en veut de l'avoir acheté.

Heureusement, certains jeux tirent vraiment parti de toute la puissance disponible, pour nous mettre une vraie claque vidéoludique. Je pense notamment à Far Cry, sur PC.

Mais ce n'est pas la tendance générale. Il est en effet beaucoup plus facile pour un éditeur de faire un beau jeu, de faire une grosse campagne de pub, et de servir finalement au joueur toujours la même chose dans un emballage plus coloré, ou plus portable.

Un seul constructeur/éditeur nage à contre-courant. Il s'agit de Nintendo, qui marche dans la voie de l'innovation et de l'originalité.
Ils ne font pas mouche à tous les coups, mais il faut saluer l'effort. Je pense en particulier à la petite Nintendo DS, qui nous fait jouer différemment avec son écran tactile.
Ne faisant pas la course à la puissance, Nintendo pousse le développeur à se concentrer sur la qualité de l'expérience globale du jeu plutôt que sur la qualité visuelle du jeu.
Et ça marche. Ceux qui auront craqué pour la petite portable du plombier italien auront eu l'occasion de jouer à des choses vraiment novatrices: Another Code, Polarium, Wario Ware, Project Rub, et plein d'autres encore à venir.

Alors, oui, cette machine ne fait pas lecteur DVD, ni lecteur MP3, ni même navigateur Internet, mais ce n'est pas son propos. Son credo, c'est le jeu, le bon jeu. Point.

Donc, l'évolution technologique dans le jeu vidéo, c'est bien. C'est très bien même! Mais pas quand toute la qualité d'un jeu se fait uniquement sur l'évolution technologique!

Il en est des jeux vidéo comme des films. Un bon film est intemporel, même quand ses effets spéciaux sont techniquement dépassés, même si il a été tourné en son mono, même si il est en noir et blanc.

C'est d'ailleurs peut être ce qui attend le monde du jeu vidéo, devenir comme le cinéma: une surproduction de produits périmés une semaine après leur sortie en salle, et de temps en temps une perle, inoubliable, qui prend les spectateurs aux tripes pour les lâcher hagards et pantelants à la fin de la séance.
En ce qui me concerne, j'ai eu droit à quatre perles vidéoludiques cette née : Another Code (DS), God of War (PS2), Killer 7 (GC) et Resident Evil 4 (GC)
QUATRE dans l'année ?
Finalement, le bilan n'est pas si mauvais que ça. Il semblerait que le jeu vidéo produise plus de perles dans une année que le cinéma.

"So long, and thx for the fish"

Olivier.

P.S : vous avez vu, je parle de consoles de jeux, et je cite 2 jeux PC ? J'ai fait fort sur ce coup là...

0 Comments:

Post a Comment

<< Home